Le syndrome du canal carpien
Le syndrome du canal carpien est une affection neuropathique, assez fréquente, qui touche entre 3 à 6 % des adultes de la population. Il s’agit de la 2e pathologie reconnue en maladie professionnelle après celle de la coiffe des rotateurs.
Petite description anatomique
Le canal carpien est une gouttière osseuse du poignet qui se trouve à la jonction entre la main et l’avant-bras. À l’intérieur s’engagent les neuf tendons fléchisseurs qui servent à plier les doigts de la main ainsi que le nerf médian. Il est recouvert à l’avant par un puissant ligament, le ligament annulaire du carpe.
Rôle du nerf médian
Le nerf médian est un nerf important, car il stimule et innerve aussi les muscles de la base du pouce dans la paume de la main. Il donne la sensibilité au pouce, à l’index, au majeur et à la moitié de l’annulaire. Par contre, il n’intervient pas dans la sensibilité de l’auriculaire (cinquième doigt) qui lui, est innervé par le nerf ulnaire.
Description de la pathologie
Le syndrome du canal carpien est la compression du nerf médian le plus souvent par le ligament annulaire du carpe. L’origine provient souvent d’une inflammation des tendons qui par leur gonflement entravent le glissement du nerf. L’augmentation de pression intra-canalaire compromet alors la circulation sanguine et l’oxygénation de ses cellules nerveuses ( appelées axones). La conduction des signaux électriques dans ses fibres nerveuses est ralentie. Parfois elle s’arrête, endommageant gravement les axones et leurs fibres.
Symptômes du canal carpien
La souffrance du nerf carpien se manifeste progressivement, parfois sur une période de plusieurs mois. Ils commencent généralement par des engourdissements, des premiers doigts (pouce, index et majeur) et du bord externe de l’annulaire (4ᵉ doigt), des sensations de fourmillements, de brulures, souvent la nuit ou au réveil. La perte de sensibilité, la difficulté à saisir des objets et la faiblesse du poignet sont des signes fréquents d’un stade de gravité avancé.
Conséquences
Au fur et à mesure, la personne perd la perception du toucher ou du tact au niveau du pouce, de l’index, du majeur et de l’annulaire. Elle a dû mal à contrôler sa main qui devient maladroite. Une atrophie musculaire peut aussi apparaitre en raison de la fonte des muscles innervés par le nerf médian. Sans traitement, les lésions nerveuses peuvent être irréversibles.
C’est pourquoi, dès l’apparition des symptômes du canal carpien, il est urgent de consulter un médecin.
Les causes
Les causes du syndrome du canal carpien ne sont pas clairement identifiées. On sait que certains facteurs de risques contribuent à son apparition, comme :
- L’âge,
- Le genre. Avec des poignets plus fins, les femmes sont plus enclines à souffrir du syndrome que les hommes,
- Les changements hormonaux comme la ménopause,
- Les antécédents médicaux comme le diabète, l’hyperthyroïdie ou l’arthrite,
- La consommation de tabac, qui perturbe la circulation sanguine et donc l’oxygénation du nerf,
- L’utilisation fréquente des mains pour manipuler des outils comme des appareils vibrants.
Les traitements
La correction de certains facteurs favorisants peut suffire à diminuer les symptômes, notamment la réduction, voire la suppression des gestes répétitifs, le relâchement de prises de main, l’arrêt des travaux de force.
En l’absence de symptômes graves, un traitement, dit conservateur, peut être proposé, comportant :
- la prise d’antalgiques pour calmer la douleur, ou, sur une courte période, des anti-inflammatoires non stéroïdiens
- l’injection de corticoïdes dans le canal carpien. Le soulagement n’est toutefois pas immédiat et varie selon le niveau de gravité du syndrome ;
- le renforcement des muscles du poignet et notamment des étirements en flexion et extension ;
- le port d’une orthèse de repos du poignet, à porter la nuit, en général sur une période de quatre à six semaines. Elle permet de maintenir le poignet en position neutre pour soulager les symptômes nocturnes. L’orthèse peut être faite sur mesure (orthèse en thermoplastique moulé) ou de série. Au-delà de six semaines, il faut vérifier, si en son absence, les symptômes persistent et s’intensifient. Si c’est le cas, il est indispensable de consulter un chirurgien de la main.
L’intervention chirurgicale consiste à sectionner le ligament annulaire du carpe pour réduire la compression du nerf médian.
Durant la période post-opératoire, la cicatrisation de la zone opérée peut être longue, entre trois à six mois environ. Les troubles sensitifs et les douleurs aiguës liés au syndromes se réduisent en quelques semaines.
Si l’intervention est réalisée trop tard, la chirurgie ne peut pas inverser les dommages déjà causés. Dans les cas graves, comme la perte de motricité de la main, la récupération post-opératoire est plus aléatoire et plus longue.
