La maladie veineuse et ses traitements
Avant de parler des pathologies, décrivons brièvement la circulation veineuse.
Elle fait partie d’un grand système circulatoire complexe : le système cardiovasculaire et le système lymphatique.
Le système cardiovasculaire est constitué du cœur et de vaisseaux sanguins (artères, veines et capillaires) qui irriguent en permanence les tissus et les organes du corps. Le cœur joue le rôle de pompe pour propulser le sang dans tout l’organisme. Les artères sont les conduits qui amènent le sang à tous les tissus et organes. Les veines sont ceux qui assurent le retour du sang vers le cœur. Quant aux capillaires, ce sont des vaisseaux perméables entre des toutes petites artères (artérioles) et des toutes petites veines (veinules).
Le système lymphatique est, quant à lui, constitué d’un ensemble de vaisseaux et ganglions qui drainent la lymphe, celle-ci assurant la première défense du corps et éliminant les déchets.
Troubles de la circulation
Il en existe plusieurs, à savoir :
- des connexions anormales entre des artères et des veines via les capillaires. Ces derniers peuvent être dilatés et des veines dites stellaires, sont visibles sous la peau,
- une inflammation d’une veine superficielle due à la présence d’un caillot sanguin, appelée thrombose superficielle,
- la présence d’un caillot sanguin dans une veine profonde, appelée thrombose profonde,
- la dilatation anormale d’une veine, appelée varice, dans laquelle le sang s’accumule. La circulation du sang se retrouve alors ralentie, voire s’inverse. La paroi de la veine se fragilise et s’il n’y a pas de traitement, des complications peuvent vite surgir.
La Haute Autorité de la Santé (HAS) définit une classification des affections veineuses chroniques CEAP (Clinique- Etiologique-Anatomique-Physiopathologique) qui s’étend en sept stades de C0 à C6.
Stade C0: la maladie se manifeste par la sensation de jambes lourdes, de crampes, des impatiences (fourmillement, picotements, engourdissement, brûlures) ou d’œdème (surtout en fin de journée et en période de chaleur). Les symptômes s’amplifient en cas de station debout prolongée ou de piétinement.
Stade C1: Les veines superficielles ont tendance à se dilater localement. A ce stade les varices sont inférieures à 3 mm de diamètre.
Stade C2: les veines se dilatent de plus en plus et les varices dépassent 3 mm de diamètre
Stade C3: Les tissus enflent en raison d’une accumulation des liquides interstitiels dont la lymphe. On parle d’œdèmes chroniques, très souvent douloureux.
Stade C4: Des troubles trophiques apparaissent aux membres comme des pigmentations de la peau, rouge foncé et rugueux, eczéma, atrophie blanche.
Stade C5: La peau est lésée, mais par des soins, se cicatrise. On parle d’ulcère cicatrisé.
Stade C6: L’ulcère reste ouvert, infecté, livrant le passage à de microorganismes (bactéries, …) avec risque d’atteinte osseuse. Les bords de la plaie sont enflés, sensibles, voire extrêmement douloureux.
Traitements
La compression veineuse est le traitement de base de la maladie veineuse. La contention élastique permet de réduire la dilatation des veines et améliore la vitesse du retour du sang vers le cœur.
Elle a aura un impact à partir du stade C2. Avant ce stade, les études cliniques n’ont pas démontrées qu’elle freinait l’évolution de la maladie.
Dans le cas d’œdème, elle permet de réduire le volume du membre. Selon les symptômes, le médecin prescrira la compression médicale la plus mieux adaptée. L’efficacité du traitement repose sur son port quotidien.
Attention, dans le cas d’une artérite sévère où les artères ont tendance à s’obstruer, la compression peut être contre-indiquée.
La compression se présente sous forme de bandes élastiques, de chaussettes ou bas jarret, de bas cuisse ou des collants. Tous ils exercent une pression dégressive, forte au niveau de la cheville, qui se réduit progressivement jusqu’au haut de la cuisse.
Les bandes sont diverses : bandes sèches inélastiques (< 10 % d’allongement), bandes sèches à allongement court (10 à 100 %) ou à allongement long (> 100 %), adhésives ou non, cohésive ou non. Le traitement par bande est en général court de l’ordre d’une à quelques semaines.
Pour un traitement au long court, les bas, chaussettes ou collant seront indiqués. Leurs épaisseurs et leur texture, sont variables. Ainsi le voile du bas peut être opaque, semi-transparent, ou transparent, conçu avec des fibres entièrement synthétiques dont l’élasthanne, ou semi-naturel avec du coton, du lin, etc.. Le tricotage du bas est en général circulaire, mais à un stade avancé, il sera proposé un tricot rectiligne, notamment pour réduire les déformations des jambes.
La force de compression exercée sur le membre se décline en 4 classes, en fonction de l’insuffisance veineuse.
La classe 1 avec une pression comprise entre 10 à 15 mmHg est conseillée dans les cas d’insuffisance veineuse légère : troubles fonctionnels (avec ou sans varices), varices débutantes, Professions à risque (station debout prolongée), grossesse, voyage (station assise prolongée)
La classe 2 avec une pression comprise entre 15 à 20 mmHg est préconisée pour l’insuffisance veineuse modérée : cas de varice constituée (avec ou sans troubles fonctionnels), œdème réversible, prévention des risques de thromboses
La classe 3 avec une pression comprise entre 20 et 36 mmHg et la classe 4 avec une pression supérieure à 36 mmHg est réservée dans les cas d’insuffisance veineuse sévère : cas de varice évoluée, lymphœdème, troubles trophiques, thrombose veineuse profonde ou superficielle, prévention des risques post-thrombotiques.
Dans le cas de varices aux jambes, le médecin traitant oriente en général vers un spécialiste, un phlébologue, un chirurgien vasculaire. Après quelques examens dont un écho-doppler veineux, le spécialiste évalue l’importance de la maladie et peut proposer une destruction de la veine :
- soit par la sclérose des varices par l’injection d’un produit,
- soit par l’occlusion de la veine par laser ou par radiofréquence
- soit par une intervention chirurgicale ( crossectomie, stripping, ligature, phlébectomie … )
Gravité de la maladie veineuse chronique
La phlébite ou thrombose veineuse est la complication principale. Elle peut être superficielle, (manifestée par une douleur et de la chaleur au toucher au pourtour de la varice) ou profonde (manifestée par de la douleur, un gonflement et une lourdeur du mollet). Elle traduit une inflammation de la veine qui est obstruée par un caillot sanguin. il est dans les deux cas, indispensable de consulter très rapidement.
En effet, ce caillot peut se détacher de la paroi de la veine et remonter dans la circulation veineuse vers le cœur. Là, par les contractions cardiaques, il peut se retrouver propulser dans une des artères pulmonaires, qui se rétrécissant, finissent par le coincer. Il s’agit alors d’une embolie pulmonaire. Il faut d’urgence être hospitalisé, car l’obstruction d’une artère pulmonaire ou de l’une de ses branches provoque des dommages au poumon touché et la partie lésée ne peut plus fournir de l’oxygène à l’organisme.
La gravité de l’embolie dépend de la lésion du poumon, de insuffisance cardiaque ou respiratoire. A savoir, l’embolie pulmonaire n’est pas toujours provoquée par une phlébite. Les artères pulmonaires peuvent s’obstruer par d’autres emboles (athéromateux, graisseux, etc…).