Le lymphoedeme
Le système lymphatique est un acteur indispensable dans la défense de l’organisme contre tous les agents pathogènes. Il est constitué d’une part d’un réseau de vaisseaux, chargé de véhiculer les déchets de l’organisme, les grosses molécules et les excès liquidiens pour les évacuer et d’autre part, d’organes spécifiques (ganglions, moelle osseuse, rate, thymus … ) qui activent des réponses immunitaires aux invasions infectieuses.
Le lymphœdème est par définition, le gonflement d’un membre dû à une atteinte du système lymphatique.
L’œdème peut advenir à la suite d’un trop plein liquidien dans le cas d’une insuffisance veineuse comme la thrombose veineuse profonde.
Il peut résulter aussi, d’une défaillance du système lymphatique, soit congénitale (lymphœdème primaire), soit conséquence d’une destruction des voies lymphatiques (lymphœdème secondaire)
Toutes les régions du corps, pourvus de vaisseaux lymphatiques peuvent être touchés, mais le plus souvent ce sont les quatre membres.
Parmi les exemples de ces lymphœdèmes secondaires, se trouve ce qu’on appelle le « gros bras », consécutif d’un traitement du cancer du sein.
La prise en charge du cancer nécessite parfois de retirer tous les ganglions lymphatiques se trouvant aux abords de la tumeur. Ce curetage lymphatique vise à empêcher la migration des cellules cancéreuses vers d’autres parties du corps.
L’intervention chirurgicale entraîne malheureusement un ralentissement, voire un blocage de la circulation lymphatique. La lymphe ne parvenant plus à s’évacuer provoque le gonflement du bras et de la main.
Cette conséquence du « gros bras » est de nos jours, plus rare car les chirurgiens essaient, dans la mesure du possible, d’enlever seulement le premier des ganglions sur la voie lymphatique, ce ganglion est aussi appelé encore le ganglion sentinelle. Avec l’exérèse de cet unique ganglion, le risque du lymphœdème est réduit mais n’est pas nul (entre 6 à 8%). Par ailleurs, la radiothérapie peut aussi perturber le système lymphatique et entraîner le lymphœdème.
Les traitements su lymphoedème
Ils sont :
- soit médicamenteux (avec des résultats mitigés)
- soit physique, appelé physiothérapie Décongestive Complexe (PDC) qui s’effectue en deux phases :
– une phase intensive dont l’objectif est de réduire au maximum l’œdème,
– une phase d’entretien visant à maintenir le volume obtenu.
La phase intensive
Elle s’effectue en général dans un centre hospitalier spécialisé ou en cure thermale ou en ville chez un kinésithérapeute. Celle-ci comporte :
– un Drainage Lymphatique Manuel (DLM) effectué par un masseur kinésithérapeute spécialisé. Celui-ci, par massage, décongestionne les ganglions et draine le liquide interstitiel accumulé pour l’évacuer via le réseau lymphatique en état de fonctionnement.
- une pressothérapie pneumatique. Dans ce cas, le membre atteint par le lymphœdème, est placé dans un manchon alvéolé qui gonfle et le comprime de façon intermittente.
- la contention. Un infirmier spécialisé place un bandage multicouche à allongement court à porter le plus longtemps possible (24 heures sur 24), et systématiquement entre deux séances de drainage (DLM). Le patient est formé pour pratiquer lui-même ses bandages. Pour faciliter ses auto-bandages, il existe des systèmes que peut vous délivrer votre orthopédiste-orthésiste après prise de vos mesures :
- un système de bandes à allongement court préformé, faciles à poser et à retirer (système WRAP)
- un système de compression sans couture pour les extrémités des membres (orteils et doigts).
La phase d’entretien
Elle débute quand le lymphœdème est stabilisé. Il s’agit de le maintenir par un contention dite définitive de type manchon ou bas de compression. C’est à ce moment que l’orthopédiste orthésiste prendra des mesures précises du membre et qu’un vêtement de compression sera fabriqué sur mesure. En fonction de la gravité, l’orthopédiste-orthésiste aura choisi:
- soit un manchon ou un bas en coton ou un microvoile tissé en mode circulaire dans une des quatre classes de compression.
- soit un manchon ou un bas dans une maille plus dense tissé en mode rectiligne.
Il existe tout sorte de vêtements : manchon, mitaine, gant, couvre-orteil, chaussette, bas, collant, bermuda, culotte, panty.
Il existe aussi des chaussettes, des bas ou des manchons, plus épais, alvéolé, qui ont un effet massant et qui se portent que la nuit.
Le lymphœdème est une pathologie chronique et évolutive.
Faute de pris en charge, il s’aggrave, son volume augmente et l’épiderme change d’aspect.
En 2013, la Société International de Lymphologie (ISL) a distingué 5 stades dans son évolution:
- Stade 0: Il existe un dysfonctionnement dans le réseau lymphatique, mais le lymphœdème ne se manifeste pas, mis à part quelques changements mineurs de l’épiderme.
- Stade I: Le lymphœdème prend du volume, et ce dernier diminue quand le membre concerné est surélevé.
- Stade II a: Le volume ne se réduit pas aussi facilement et après avoir exercé une pression sur l’œdème avec un doigt, l’empreinte reste visible pendant quelques instants (signe du godet)
- Stade II b: L’œdème devient moins souple et ne prend plus le godet. La texture de la peau devient plus épaisse, s’endurcit et des plis se forment. Cet aspect cartonné s’appelle la fibrose. Le début de ce changement est mis en évidence par le signe de Stemmer. Ce signe est positif s’il est impossible de plisser la face dorsale du deuxième orteil. En fait, la fibrose résulte de la destruction des fibres élastiques de l’épiderme (perte du collagène).
- Stade III: Le membre n’est plus compressible. Il devient difforme (éléphantiasis) et sa peau se pigmente du fait des troubles circulatoires.
Le lymphœdème peut se compliquer.
Aux stades II et III, les plis créent des endroits chauds et humides, propice au développement de champignons (mycoses). La peau se fissure, constituant alors des entrées pour le passage de bactéries dans l’organisme.
En cas d’entrée infectieuse, le membre concerné par le lymphœdème devient rouge, chaud et douloureux. Une lymphangite est alors diagnostiquée.
La peau peut être aussi atteinte par un érysipèle, conséquence de l’entrée d’un streptocoque. La zone infectée est tuméfiée, devient chaude, prend une couleur ocre et se couvre de lésions bulbeuses. L’érythème est extrêmement douloureux.
Recommandations
Pour éviter tout risque d’aggravation, il est nécessaire de suivre des règles d’hygiène très strictes, notamment bien hydrater sa peau et ses ongles.
Il est indispensable de se protéger de toute source de chaleur, des piqures d’insecte et des griffures d’animaux, en fait de tout risque de blessure.
Il est donc conseillé de porter des gants pour toutes les activités de ménage, de bricolage ou de jardinage, d’éviter de porter des vêtements ou des bijoux trop serrés, de mettre de la crème solaire quand on est obligé de s’exposer au soleil.
Il est aussi important de ne pas prendre de poids et d’entretenir son corps en pratiquant une activité physique douce (natation, marche,…).